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Le travail de notre partenaire Réseau Ecohabitat mis en lumière par Le Monde

Réseau Eco Habitat : sortir les plus démunis de la précarité énergétique
Date
19/06/2019

Auteur: asgard

 

A l’occasion de la conférence Le Monde Cities, intitulée « Lutter contre les passoires énergétiques : comment passer à l’action en Europe ? », reportage sur cette association qui aide des familles en difficulté à engager des travaux de rénovation de leur maison très performants, gage d’économies énergétiques et financières substantielles.

 

Par Publié le 14 mai 2019 à 15h18

 

A Berneuil-sur-Aisne (Oise), rénovation complète d’une maison en pierres brutes, humide et insalubre, chauffée jusqu’alors uniquement par un poêle à bois dans la pièce principale.

A Berneuil-sur-Aisne (Oise), rénovation complète d’une maison en pierres brutes, humide et insalubre, chauffée jusqu’alors uniquement par un poêle à bois dans la pièce principale. Réseau Eco Habitat

 

Berneuil-sur-Aisne, petit village de mille âmes en plein cœur du Soissonnais (Picardie). Jean-Pierre et Nadine Hulot sont tout sourire à la porte de leur maison que sont en train de rénover de fond en comble une petite dizaine d’ouvriers. D’ici un mois, ils auront enfin un habitat digne de ce nom.

Jean-Pierre et Nadine Hulot font partie des 3,3 millions de ménages (6,7 millions de personnes) qui, en France, souffrent de précarité énergétique. Et qui, ayant froid dans leur logement, restreignent leur chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées ou en consomment énormément pour vivre à peu près correctement. Ce couple de retraités sous curatelle vivait jusqu’alors dans un véritable taudis : un pavillon en pierres brutes, humide, insalubre, infestée par des rats, sans chauffage si ce n’est un poêle à bois dans la pièce principale. Et encore une bonne partie de la chaleur s’évaporait par les combles et le toit non isolés. « Cela fait des années et des années que l’on voulait faire des travaux, mais on n’avait pas l’argent. On n’y croyait plus. C’est grâce à Mme Brahim que nous allons avoir une maison toute neuve », raconte avec un large sourire de reconnaissance Nadine.

C’est à travers l’intervention de Jacqueline Brahim, veuve bénévole du Secours catholique, avec qui ils nouaient des liens d’amitié depuis quelques années, et celle du Réseau Eco Habitat (REH) que Jean-Pierre et Nadine Hulot sont arrivés à engager des travaux de rénovation énergétique, malgré leur minimum vieillesse comme seules ressources. Et de vrais travaux de rénovation : le chantier commencé il y a déjà un mois, comporte l’isolation de l’ensemble du logement avec 14 centimètres de fibres de bois, la réfection complète du réseau électrique, la rénovation des sanitaires et l’aménagement d’une chambre en rez-de-chaussée.

Une population invisible

Depuis septembre 2014, Réseau Eco Habitat accompagne et aide des familles en difficulté à isoler leur logement pour leur permettre de faire, dans la durée, des économies. Il travaille et agit pour cela en réseau, avec notamment des bénévoles de terrain. Ce sont eux qui identifient dans leur entourage les ménages dans le besoin. « Les bénévoles – du Secours catholique aujourd’hui mais qui pourraient être tout autre individu sont notre force, relève Frank Billeau qui a lancé REH. Car nous touchons une population très isolée, invisible qui n’est pas celle des ronds-points [des « gilets jaunes »], une population sans voix qui échappe à tout dispositif existant. Et les bénévoles sont les meilleurs VRP auprès de ces ménages. Car ils entretiennent souvent déjà un lien avec eux et créent des relations de confiance. » Proche du ménage, le bénévole est à même de le convaincre d’engager des travaux, de le rassurer, et sait être là avant, pendant et après pour s’assurer que tout se passe bien.

Et il en faut de la mise en confiance, car les travaux préconisés par REH sont lourds et suscitent toujours une forte appréhension au départ. « Nous réalisons des travaux très performants, gages d’économies énergétiques et financières plus importantes, mais nous nous attachons à limiter au maximum le reste à charge », insiste Franck Billeau. L’équipe de REH (cinq personnes aujourd’hui) se charge de trouver et mobiliser tous les financements et dispositifs d’aides possibles : Agence nationale de l’habitat (ANAH), bien sûr, mais aussi conseil régional, conseil départemental, commune, Caisse d’allocations familiales, caisses de retraite, mutuelles, organismes bancaires pour des microcrédits, fonds caritatifs…

« Les dispositifs d’aides financières existent, relève Marie – Claire Corniquet, coordinatrice de projets chez REH. Sauf qu’ils ne sont pas connus des bénéficiaires potentiels et complexes à activer de manière coordonnée, avec même parfois des contradictions dans les critères. Nous nous chargeons de faire le lien. Il faut néanmoins souvent, se désole-t-elle, pas moins d’un an si ce n’est plus pour monter le dossier d’aide. » C’est long, mais finalement les travaux sont largement pris en charge. Jean-Pierre et Nadine Hulot sont ainsi passés d’une facture de 54 701 euros à un reste à charge de 5 873 euros, facilité par un microcrédit sur quatre ans, soit 90 euros par mois.

« Ce n’est pas parce que les gens sont en difficulté financière que l’on doit faire du pas cher, relève Franck Billeau. La question des matériaux utilisés est importante. Nous préconisons plutôt des écomatériaux durables, recyclables, qui sont, il est vrai, un peu plus cher. Mais en choisissant les entreprises avec lesquelles on travaille, on arrive à mettre des écomatériaux chez les gens qui en ont le plus besoin. » Eco réseau Habitat a choisi de travailler avec deux principaux fournisseurs de matériaux et cinq entreprises du bâtiment dont une entreprise d’insertion, avec lesquels elle a passé une sorte contrat de confiance.

Une entreprise à l’écoute

Estelle Titton a ainsi apprécié de finir par voir arriver chez elle une entreprise attentionnée, à l’écoute. Elle qui, avant d’être mis en contact avec REH par un bénévole voisin, avait vu défiler pas moins de 18 entreprises censées lui établir un devis de rénovation de sa maison. « Aucune n’avait pris la peine de m’expliquer les travaux nécessaires, le pourquoi et le comment, comme a su le faire celle que REH connaissait », explique cette mère célibataire au RSA qui vit avec ses deux enfants de sept et neuf ans dans une véritable passoire énergétique à Grivillers, village de la Somme.

Les trois mois d’hiver, raconte-t-elle, « je dépense plus de 600 euros en électricité et granulé de bois ». Tout cela pour avoir froid dans sa maison qu’elle a acquise en 2011 lorsqu’elle était encore en couple. Elle a beau avoir vite, avec son compagnon d’alors, changé les fenêtres qui battaient aux vents, et remplacé au rez-de-chaussée deux « radiateurs grille-pain » par un poêle à granulés de bois, la chaleur continue de s’évaporer par le haut, le toit non isolé et percé laissant passer le vent. A l’étage l’unique chambre étant soumise au vent et au gel, mère et enfants n’ont d’autre choix l’hiver que de rester en bas dormir sur les deux canapés près du poêle. Mais d’ici l’été tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Les travaux, qu’Estelle a hâte de voir commencer, vont lui permettre un gain énergétique de 51 %. Et ses enfants auront une vraie chambre, et chaude l’hiver.

Après avoir fait ses preuves depuis quatre ans en Picardie (Aisne, OIse, et Somme), REH s’apprête à signer d’ici l’été avec l’ANAH un « contrat à impact social » et espère avec ce soutien financier pouvoir essaimer son action à l’échelle régionale des Hauts-de-France.

« Réseau Eco Habitat touche une population en grande précarité très peu connue des services de l’Etat, que nous avons du mal à repérer, reconnaît Tiphaine Esnault de l’ANAH. Et il monte pour ces personnes des projets ambitieux qu’il rend accessible pour ces ménages puisque le reste à charge est infime. Il y a un vrai enjeu à démultiplier ce type de démarche. D’autant que cela a aussi un impact sur d’autres champs d’intervention publique : la santé, l’emploi, la sécurité sociale… »

Tout en améliorant le confort thermique, les travaux permettent de fait le maintien à domicile de personnes âgées comme Jean-Pierre et Nadine Hulot. « Et les gens reprennent confiance dans les institutions et retrouvent une dignité : au sein de la plupart des ménages en âge de travailler que nous accompagnons, un des deux adultes, si ce n’est les deux, retrouve un emploi ou réenclenchent un processus de formation », observe Franck Billeau qui se rappelle encore des paroles d’un gamin après des travaux : « Je ne vis plus dans une maison de pauvre. »

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